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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"Il est grand temps de rallumer les étoiles."
Guillaume Apollinaire, poète et écrivain français (1880-1918) Rémanence figée Témoin d'un temps troublé, le château de Miglos dresse ses ruines sur un piton rocheux, à 780 mètres d'altitude. Dominant le village de Capoulet, il permettait au Moyen-Âge, le contrôle des vallées de Miglos et de Vicdessos. L'accès est aujourd'hui interdit au public pour d'évidentes raisons de sécurité. Mais en admirer les ruines n'impose nullement de trangresser cette précaution1. Ce qui me fascine en ce lieu, c'est le donjon, remontant au XIVe siècle. Je l'ai découvert il y a plus de 15 ans, en parcourant les reliefs ariégeois en plein hiver. La route était certes dégagée, mais demandait une attention particulière pour ne pas visiter le décor de trop près ! Le château était quant à lui recouvert d'un magnifique manteau blanc, tel un chevalier immobilisé par le froid hivernal. J'y suis retourné à plusieurs reprises, avec le même plaisir. Mais combiner ce lieu empli de magie avec la vision nocturne mise en scène par la lumière de la lune fut une redécouverte. Les quelques nuages qui filaient dans le ciel prirent une allure de voile, tel un esprit enveloppant les hauteurs des Pyrénées. La lumière cendrée ajoutait une ambiance surréaliste, couronnée par la voûte étoilée. Je me trouvais à l'intérieur d'une scène à la fois intemporelle et singulièrement ancrée dans la pierre. A l'issue du siège dramatique de Montségur, en 1244, Arnaud, seigneur de Miglos, avoua avoir accueilli des cathares devant l'Inquisition. Que peuvent véritablement représenter des aveux obtenus grâce à la crainte des représailles et de la torture ? Pourrait-on aujourd'hui reprocher à un représentant local de défendre sa région et ses habitants ? Toujours est-il que cette position lui valut de passer quatre années en prison ! Comme ce donjon, nos certitudes nous ancrent dans un immobilisme qui finit par nous détruire. Devant l'infini des étoiles, c'est un appel à la libération de nos contraintes choisies – et / ou acceptées - que je vois se dresser au cœur de la nuit scintillante et claire. Il ne s'agit pas de s'affranchir de notre réalité matérielle. Nier l'évidence de notre condition humaine est une forme d'utopie aux sombres conséquences. En revanche, de nombreuses options que nous prenons ou subissons nous enferment dans un carcan, une pesanteur qui bride notre espace de liberté. Notre société moderne est remplie de moyens de nous enfermer dans des cages plus ou moins dorées. La consommation, accompagnée de sa pléthorique palette de moyens de nous en rendre dépendants - du fantasme d'un bonheur qui s'achète à l'endettement inconscient car porté par la collectivité - est sans doute la nouvelle forme d'aliénation de notre modernité, comme la religion le fut pendant des siècles. Que reste-t-il de cette période chaotique du XIIIe siècle ? Des ruines qui témoignent de vies oubliées. Et savez-vous pourquoi cette région a été dévastée ? Essentiellement du fait du surendettement du Royaume de France et de la solution la stupide qui ait pu être mise en oeuvre : une croisade en terre chrétienne ! Elle fut baptisée "Croisade albigeoise". Que restera-t-il de notre XXIe siècle ? Peut-être encore moins d'artefacts du fait de l'excroissance informationnelle qui semble prendre le relais de nos constructions matérielles et temporaires. Ce qui nous dirige aujourd'hui finira immanquablement comme ces ruines qui dominent encore le paysage mais ne représentent plus aucune autorité. Au mieux, ces constructions deviendront des musées pour nos descendants qui se demanderont comment nous avons pu y croire. Se libérer de nos certitudes, s'ouvrir vers d'autres chemins possibles, se rapprocher des étoiles tout en gardant nos pieds sur terre. Voici le message que je recueille en ce lieu mystérieux, entre les rochers et l'herbe rase, face à cette construction militaire, représentation d'un pouvoir aujourd'hui disparu. Mais pour sortir de cet prison invisible puisqu'essentiellement mentale, il faut aller à la recherche d'autres outils, d'autres manières de penser, de concevoir et de vivre. Trop souvent, ce qui nous protège nous enferme... Nous ne pouvons nous résumer aux objets que nous classons dans des cases. Notre vraie liberté est de pouvoir changer, bouger, évoluer... vivre ! 1 Pour en savoir plus, visitez les sites de l'« Association des Amis du Château de Miglos », aac.miglos.free.fr et du village, www.amiglos.fr
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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