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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"L'avenir n'est pas ce qui va arriver mais ce que nous allons en faire."
Henri Bergson, philosophe français (1859-1941) Perles de cristal En sortant de la maison ce matin, quelques fines gouttelettes de rosée perlaient sur les feuilles. Certaines disparaissent déjà sous la chaleur des premiers rayons du soleil mais nombreuses encore étaient celles qui étincelaient comme des étoiles sur un lit de chlorophylle. Une fine brise caressait les branches, produisant de légers mouvements des feuilles. Quelques perles transparentes glissaient pour tomber sur le sol. Saisissant mon appareil photo, je pris de nombreux clichés de ces petites billes scintillantes. L'une d'elles était sur le point de tomber mais semblait s'accrocher désespérément à son berceau. Elle prit alors son autonomie pour rejoindre le filet d'eau qui coulait sur la pierre, s'abandonnant au cycle naturel de la pluie et perdant ainsi son identité temporaire, sa singularité. Son parcours sur la feuille et sa chute gravitaire étaient prévisibles. Certes, le détail de la trajectoire n'était pas déterministe, sujet à de nombreux facteurs comme la surface de la feuille, la viscosité de l'eau, la vitesse et l'orientation du vent. Mais ce qui l'était moins encore, c'est cette nouvelle vie qui lui est accordée au travers de cette photographie. Immobilisant le temps pour une fausse éternité, j'ai ainsi pu prolonger cet instant jusqu'à vous qui parcourez ces lignes. Pour nous européens, l'avenir est aujourd'hui un vecteur de crainte. Nous ne l'avons jamais connu mais nous avons surtout peur de perdre ce nid douillet des certitudes illusoires. Les théories ont devancé notre connaissance du monde. Du déterminisme de la mécanique classique, nous avons aujourd'hui à appréhender de nouveaux courants de pensée comme la physique quantique ou la théorie du chaos. Il ne s'agit pas de remplacer de l'ancien par du nouveau mais d'ajouter à notre champ de compréhension de nouveaux outils pour mieux comprendre le monde de la complexité dans lequel nous sommes baignés aujourd'hui. Les technologies que nous utilisons quotidiennement doivent pour la plupart leur existence à l'application de ces théories qui remontent à plus d'un siècle, mais nos esprits se raccrochent désespérément à ce qui nous semblait être plus stable, plus rassurant… comme cette goutte d'eau sur la feuille. Pourtant, il est temps pour nous de prendre la mesure des changements de notre environnement social, économique, technologique… et de quitter cette impasse dont nous cherchons l'issue dans une utopie improbable. Quittons le plan bidimensionnel pour accéder à la troisième dimension. Quittons la feuille sur laquelle repose notre Occident en mutation et projetons-nous vers un avenir à construire. Partons explorer de nouveaux territoires, géographiques, intellectuels et virtuels. Développons les outils dont nous avons hérité pour bâtir une société dont nous pourrons être fiers vis-à-vis des générations futures. Mais surtout… cessons de craindre un avenir que nous pouvons orienter. Réapproprions-nous les décisions qui structureront la société de demain. Car la grande différence entre nous et ces jolies petites gouttes d'eau, c'est que nous avons un champ d'action et que si celui-ci est restreint à l'échelle individuelle, il peut durablement modifier les choses si les énergies sont additionnées voir multipliées... Concrètement ? Peut-être serait-il temps que nos décisions collectives ne se limitent plus à un choix de personnes censées nous représenter, et auxquelles nous n'arrivons pas à nous identifier. Peut-être devrions-nous utiliser intelligemment les technologies de l'information pour décider collectivement des grandes orientations. Même si des représentants sont utiles, cessons de déléguer des décisions majeures dont nous ne pouvons que supporter les conséquences, en reportant une partie de celles-ci sur les générations à venir. Faciliter la mise en œuvre de référendums par des moyens électroniques : l'idée n'est ni neuve ni compliquée à mettre en œuvre. Pourquoi diable rien ne se produit ? Tout simplement parce que les pouvoirs en place aujourd'hui, élus ou structurels, n'ont aucun intérêt à se voir court-circuités par des décisions réellement démocratiques. Mais peut-on réellement déléguer des décisions majeures comme le périmètre européen, la collecte et l'usage des fonds publics ? Peut-on raisonnablement imaginer qu'aucun intérêt personnel ne vient percuter les véritables actions à mettre en œuvre pour nous sortir ce que certains appellent encore « la crise » ? Pouvons-nous encore longtemps laisser vide la place du pilote d'une Europe en devenir ? Une nouvelle société est en marche. Ne restons pas sur la berge à regarder le bateau quitter le ponton. Petite goutte d'eau aux reflets argentés, avais-tu prévu ce que tu pouvais initier ? Je te laisse le soin de retrouver d'autres gouttelettes pour créer un filet, puis un courant. Car tout reste à faire…
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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